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Écopâturage 300 moutons pour entretenir le paysage et les espaces verts franciliens

Les 300 animaux sont répartis, en petits lots d'une vingtaine de bêtes maximum dans un même site, à travers l’Île-de-France sur près d'une cinquantaine de prés appartenant à des sociétés privées ou à des collectivités.

Sylvain Fabiani propose aux collectivités et entreprises privées de la région de faire pâturer leurs prés et d’organiser des animations en lien avec ses brebis solognotes.

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En ce mois de juillet, sur l’ancienne base aérienne 217 à Brétigny-sur-Orge (91), qui est détenue par l’intercommunalité Cœur d’Essonne Agglomération et entretenue par la société Pinson paysage (groupe Osmaïa), treize brebis solognotes arrivent dans un parc de un hectare et demi. Sept autres pâturent un deuxième parc de un hectare. Les deux lots tournent sur trois parcs (5,5 ha au total) d’avril à décembre, en prestation pour Pinson paysage.

Au total, le berger sans terre Sylvain Fabiani élève 300 têtes qui sont réparties – en petits lots d’une vingtaine de bêtes maximum au sein d’un même site – à travers l’Île-de-France sur près d’une cinquantaine de prés appartenant à des sociétés privées ou à des collectivités. « Les demandes explosent en zone périurbaine, précise-t-il. Je suis passé de 120 à 300 têtes depuis que je me suis installé il y a quatre ans. Je peine à répondre à toutes les sollicitations. »

Treize brebis solognotes arrivent à l'ancienne base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge, détenue par l'intercommunalité Cœur d'Essonne Agglomération, dans un parc de 1,7 ha. (© Florence Melix)

Alternative à la gestion mécanique

Après un bac STAE (sciences et technologies de l’agronomie et de l’environnement) puis un BTS aménagements paysagers, Sylvain décroche le diplôme d’ingénieur du paysage de l’Itiape (Institut des techniques de l’ingénieur en aménagement paysager et de l’espace), à Lille (59). Il suit le cursus en apprentissage en travaillant chez Terideal. Tout d’abord conducteur de travaux pluridisciplinaire, il évolue au sein de l’entreprise pour devenir conducteur de travaux spécialisé en entretien puis chef de secteur avec la responsabilité d’une centaine de personnes.

Il développe dans l’entreprise les techniques alternatives de gestion des territoires et notamment l’entretien des espaces verts par le pâturage des animaux. En 2020, il cesse son emploi salarié pour reprendre, en partie, une activité paysage existante (Plaine environnement) et propose, au sein de la SAS Vernopâture, à Mauperthuis (77), les prestations d’écopâturage et les animations pédagogiques autour des moutons.

Créer du lien

Éleveur dans l’âme et passionné de sélection ovine, Sylvain Fabiani vise plusieurs objectifs à travers l’écopâturage : l’entretien du paysage, la préservation et le développement de la biodiversité, la conservation de la race solognote, à petit effectif et rustique, et la sensibilisation du grand public à l’écologie.

Sylvain Fabiani entretient les prairies grâce à 300 brebis solognotes dont il gère la reproduction et les naissances. (© Florence Melix)

« J’organise régulièrement des transhumances urbaines et des animations avec l’Amicale du border collie au troupeau », explique-t-il. Des animations autour du « chemin de la laine » sont également menées, auprès du grand public mais aussi auprès des écoles, avec la tonte des moutons, le filage de la laine, le tissage et la teinture végétale, grâce notamment au partenariat noué avec l’entreprise d’ar­tisanat La Brebis Perrette, à Anglars-Juillac (46). Toute la laine du cheptel est ainsi valorisée.

« L’animal a toute sa place en ville pour l’entretien mais aussi pour créer du lien et reconnecter les urbains au vivant. Renouer avec l’animal et partager ma passion, c’est vraiment ce qui m’anime », appuie le berger, qui présente également ses brebis solognotes au Salon international de l’agriculture chaque année.

Une quarantaine de clients

Sylvain Fabiani compte une quarantaine de clients : syndicats de gestion de cours d’eau et d’espaces naturels, SNCF, Disneyland Paris, centre national de tir du ministère de l’Intérieur, aéroport du Bourget, Grand Paris Aménagement, Inrae, Eiffage, collèges, les espaces naturels sensibles publics, conseils départementaux, le parc de la Villette, à Paris...

Pour la moitié d’entre eux, il a répondu à des commandes publiques et remporté les marchés. L’autre moitié de ses clients sont des entreprises privées avec lesquelles il travaille en direct, ou via une entreprise de paysage : Artopia, Pinson paysage, Idverde, Le Jardin des sens, Arbres & paysages, France Environnement, Universal paysage...

Il visite tous les sites chaque semaine, sauf ceux où il a formé une équipe du client à la surveillance du troupeau. Dans ce cas, il se rend sur place au moins une fois par mois. Chaque parcelle doit être clôturée, avoir un abri et un point d’eau. « Je procède aussi à un relevé de la faune et de la flore afin d’identifier la présence d’espèces toxiques ou invasives avant d’introduire mes animaux », souligne l’éleveur, qui précise que ses solognotes sont friandes des ligneux à semi-ligneux. L’hiver, elles sont rentrées en bergerie, notamment pour gérer au plus près les agnelages.

Élevage et paysage main dans la main

« L’écopâturage est une hybridation entre l’élevage et l’entretien du paysage, estime le cofondateur de la Fédération française d’écopâturage, créée il y a quatre ans, élu à sa présidence en juin dernier. Les deux métiers ne doivent pas s’opposer, ils sont complémentaires. Avec la fédération, je souhaite ainsi me battre contre les oppositions existantes entre le secteur du pay­sage et celui de l’agriculture. Plus largement, mon objectif est de promouvoir et de faire découvrir cette activité pluridisciplinaire auprès des entreprises du paysage, des bergers, des éleveurs, des collectivités... »

« Nous pouvons accompagner les clients dans la rédaction de leurs cahiers des charges pour l’entretien de leurs territoires, reprend-il, dans l’objectif d’une dynamique de gestion écologique qui préserve la biodiversité. » La présence l’an prochain de la fédération au salon Paysalia sera aussi l’occasion de faire connaître l’écopâturage.

Par ailleurs, pour éviter les dérives au sein de cette pratique en pleine expansion, la Fédération française d’écopâturage, qui compte une cinquantaine d’adhérents, a fixé des règles en faveur du bien-être animal et de l’environnement telles qu’un chargement réduit d’ovins dans chaque parcelle et des rotations obligatoires pour laisser des zones au repos, aider à la régénération des sols et éviter le surpâturage.

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